23/12/2024

En fauteuil roulant

                                                                      

                                                 En fauteuil roulant


A toujours espérer, en y croyant encore,

Par la force des bras et de la volonté,

Il roule un avenir d'un drame surmonté,

Sa rage, au fond du coeur, le guide et le dévore.


Fixant cet horizon qu'il a vu de si près

Il passe devant vous, les yeux vers les étoiles.

Pourvu que de ses nuits, la peur mette les voiles,

Lui laissant vivre un peu juste l'instant d'après.


Depuis ce maudit jour et ses lumières floues,

Il bouffe du bitume et se fout de l'embrun,

Collé tout contre l’autre à n’en plus faire qu’un,

Ses jambes désormais n’étant plus que des roues.


Savoir serrer les dents pour toujours avancer,

Se dire que demain est la prochaine étape,

Chaque instant faire front, lorsque le temps dérape,

Se forger un mental pour ne pas renoncer.









08/12/2024

Tyran, regarde...

 

Poème de 2012... 

En Syrie, Le président de la République veut garder le pouvoir et fait vivre, à son peuple, l'enfer d'une répression sanglante et mortelle...

Mais le printemps arabe est en marche...


( aujourd'hui, 08/12/2024, ce poème est d'actualité. Bachar el-Assad en fuite... chassé par les rebelles. )



A Bachar el-Assad...



Tyran, regarde...


Regarde...

Vois-tu venir enfin la petite lueur

D'un jeune espoir de paix qui se recherche encor

Pour un peuple à genoux et qui hurle à la mort

Quand tombent ses enfants, une balle en le coeur ?

Regarde...

Vois-tu cette colère agitant les drapeaux

Que brandissent tous ceux que tu crois résignés

Et que le vent emporte aux cris de liberté 

Sur les maisons ruinées devenues des tombeaux ?

Regarde...

Vois-tu donc s'avancer ces rebelles armés

Qui résistent encore à tes chars, tes canons,

Qui brûlent ton image en crachant sur ton nom

Et que font taire, seuls, tes tireurs embusqués ?

Regarde...

Vois-tu ces femmes là, sur la route, en errance

Et leurs joues si creusées par les larmes versées,  

Avec le ventre vide et meurtries, assoiffées,   

Passer devant ton palais et ta suffisance ?  

Regarde...

Vois-tu dans ton ciel bleu cette fumée trop noire

De ces villes tombées qu'embrasent tes soldats. 

Qu'elles se nomment Homs, Deraa ou bien Hama

C'est sur ces ruines là que s'écrira l'histoire.  

Regarde...

Vois-tu ton peuple en marche ? Et qui l'arrêtera 

Sur Damas aujourd'hui, dans le printemps qui saigne ?

Pour que demain l'été voit la fin de ton règne,

Tyran, il t'appartient d'en changer le schéma.






  


02/12/2024

Dame Poésie

 

( Sonnet )



Dame Poésie



Qu’a t’elle pour tant plaire en ce printemps naissant ?

Serait-ce ce parfum que la rime dépose

Dans le coeur de la douce et dont le rythme impose    

De n’être que splendeur, moment éblouissant ?


Ou bien cette musique au pouvoir caressant,

Enveloppant d’azur la grâce qui repose

Sur le vers et les mots et qu’un rêve transpose             

En un hymne à l’amour, refrain étourdissant ?   


Elle chante, elle coule, elle est source de joie,

Enivrante et câline en sa robe de soie.

C’est une ritournelle, instant d’envoûtement !   


Oh, Dame Poésie en l’âme du trouvère,

Si grande est ta beauté dans l’oeillet florifère !

Déclame-la, Poète ! Elle est enchantement !









26/11/2024

Au village de Roche

                                                                     

Au village de Roche


J’ai retrouvé le val du dormeur de Rimbaud,

En témoigne toujours l’herbe tendre couchée

Près de ce vieux lavoir où l’âme effarouchée

Du poète maudit lui creusa le tombeau.   


La rivière n’est plus qu’une petite mare.

Ont fané les glaïeuls depuis bien trop longtemps.

Mais dans les gris reflets de l'eau sale et du temps,

J’ai vu le 'bateau ivre'* arracher son amarre.


Parti dans son ailleurs, plus loin que l’horizon,

S’est laissé déposé, par son délire en prose,

Au lit d’un galetas, tant la douleur s’impose

A vivre en son enfer, le temps d’une saison.


Devant la maison vide où le passé s’accroche,

Le vieux banc se souvient du soir d'une oraison.

En la plaine ardennaise, un jour de fenaison,

J'ai vu Rimbaud flânant au village de Roche.



* titre original de l'oeuvre de Rimbaud ( hiatus volontaire )







16/11/2024

Belle à la fontaine

 ( Rondel )


Belle à la fontaine



Puis-je boire à votre fontaine ?

Sans crainte de votre courroux ?

Puits de Jacob, au rendez-vous,

Se tenait la samaritaine.


Source vive sous la futaine,

Belle dame au parfum si doux,

Puis-je boire à votre fontaine ?

Sans crainte de votre courroux ?


Avant qu’un soldat ne m’enchaîne

Et me pende avec les voyous

Ou qu’en mes mains, plante les clous,

Femme, en votre âme puritaine,

Puis-je boire à votre fontaine ?








13/11/2024

Le fils de novembre

Attentats du 13 novembre 2015 - Bataclan - Paris )


( Classique Régulier )



Le fils de novembre…



Elle garde un sourire aussi doux qu’un printemps

Mais l’hiver dans les yeux et la pluie en dedans

     Quand elle parle seule, adressant aux nuages,     

Pour l’enfant disparu, son amour en messages.


Paris est en novembre et l’automne est si doux

Que la rue est en fête et s’amusent ces fous

Mécréants, assassins qui, brandissant des armes,  

Y sèment la terreur et le sang et les larmes…


Et lui revient toujours ce long cri déchirant

Qu’un Bataclan vomit d’un concert délirant

Lorsqu’au bord du plaisir… le baiser d’une balle

Couche le fils aimé dans la mort qui s’installe…


Profonde est la blessure et si lourde est la croix

Qu’elle supporte encore au pied des marbres froids

Tant son être amputé, depuis cette hécatombe,

L’entraîne vers la nuit du profond de la tombe…


Puisse-t’elle entrevoir, juste avant de partir

L’homme se faire humain puis de paix se vêtir

Pour qu’il fasse à jamais que se taisent les bombes

Et que ne chantent plus que de blanches colombes.