12/09/2024

La vieillesse

 Poésie Néo-Classique


Prix du Conseil Général de Vendée 2018 - Essor Poétique - La Roche sur Yon



                  La vieillesse



         Elle est venue sans bruit, sans aucune manière,

         Pour s'installer chez lui et partager sa vie.

         Pour lui elle s'est faite un peu plus casanière,

         En entrant dans son coeur en amante assouvie.                

 

Elle s'est appuyée sur ses frêles épaules.

Il a courbé le dos pour mieux la supporter.

Lui qui était le chêne, aujourd'hui est le saule

Qui pleure son passé à jamais emporté.     

 

Et puis est arrivé le soir tant attendu

Où elle a dessiné, au creux de son visage,

Des sillons si profonds que le temps s'est perdu

Doucement, lentement, tout au bout de son âge.

 

Elle a mis le bâton là, dans sa main tremblante

Pour marcher avec lui jusqu'au bout du chemin

Quand le pas est moins sûr, l'aventure hésitante

Et qu'il se fait bien tard pour aller vers demain.

 

Elle est entrée chez lui, sans frapper à la porte,

Comme une douce amie, partageant son hiver.

Et lui, il l'attendait, avant que ne l'emporte 

La fille de la nuit, pour un autre univers.  





 

              

 

06/09/2024

L'ombre de Rimbaud


                           

                                         Plume d’Argent 2018 - La Plume Colmarienne - Colmar
                                     Sarment d’Argent 2018 - 17è Jeux Floraux - Sartrouville
                                     3è Prix Concours Littéraire Atout Gnac 2019 - Gabarret




L’ombre de Rimbaud

 

Hallucination tant l'absinthe me nuit ?

Dans mon profond sommeil l’obscurité venue ?

J’ai vu passer une ombre et je l’ai reconnue,

Ce n’était que Rimbaud qui traversait ma nuit.


C'est bien lui qui venait, les cheveux en bataille,

Comme si de l'Ardenne un vent soufflait trop fort.

Il allait de son pas, traînant dans son effort

Cette mort qui l’agrippe en sa chair et l’entaille.


Il marchait tête basse, errant dans son ailleurs,

Solitaire et perdu, comme son bateau ivre*,

En recherche d’un port afin d’y pouvoir vivre,

Loin des mauvais démons, des derniers jours meilleurs.


Dans son morne regard, l’étoile s’est ternie.
Poète, où sont les vers de tes jeunes printemps ?
Maudit serais-tu donc pour subir si longtemps
Cette douleur profonde en si longue agonie ?...

 
Il s'en fut sans un mot, quittant ma vision 
Pour la mer et Marseille, en le froid de novembre,
Un aller sans retour pour une triste chambre...
Me laissant dans mon rêve et mon illusion.




* Oeuvre de Rimbaud - Hiatus volontaire.

01/09/2024

Un sonnet de bons grains

            2è Prix du Sonnet 2020 - 47è Jeux Floraux Essor Poétique - La Roche sur Yon
              3è Prix Morice Viel 2018 - Concours Juliette Astier-Cestion - Montélimar




Un sonnet de bons grains

 

Quand la rime est absente, une douce paresse

S’installe en son esprit, avec sérénité,

Pour partager ses jours en toute dignité ;

Laissez-le donc un peu savourer cette ivresse !

  

Mais, quand revient le vers, un trop plein de tendresse

Se pose sur la page avec solennité

Et l’encre de la plume, en sa féminité,

Se laisse aller au rêve et chasse la détresse.

  

Ne cherchez pas pourquoi, ni devinez comment,

Abandonné, l'épeautre est devenu froment

Lorsque pour un recueil, il se fit providence,


Procurant au poète, au bout de ses chagrins,

Une moisson de mots d’une belle abondance...

A lui de nous pétrir un sonnet de bons grains !